Que faut-il retenir de l’année 2024 pour la Sacem ?
2024 marque l’achèvement du plan de transformation Sacem 3.0, lancé il y a trois ans, et les résultats sont remarquables.
Si les collectes en France restent quasi stables (852 millions d'euros en 2024 contre 835 millions en 2023 et 832 millions en 2022), les revenus internationaux et numériques continuent eux de croître, atteignant 749 millions d’euros en 2024, (soit une augmentation de +15 % par rapport à 2023 et environ +29 % par rapport à 2022), avec une présence renforcée sur le streaming musical et audiovisuel ainsi que sur les réseaux sociaux, et une collecte directe des droits sur plus de 180 territoires. Collectes et montant affecté aux ayants droit s’élèvent ainsi respectivement à 1 601 millions et 1 379 millions d’euros, deux chiffres record. Tout en conservant un ratio « charges nettes d’exploitation/collectes » de 10,8 %.
Au-delà des chiffres, ce plan a profondément modernisé les services offerts, renforcé les liens avec nos membres et accéléré l’innovation. Notre simulateur en ligne d’estimation des droits, notre « tour de France » des sociétaires ou notre proposition de modèle « Artist Centric » sur le streaming avec Deezer - une première mondiale permettant une redistribution des droits plus juste, en valorisant les créateurs professionnels et en luttant contre la fraude et les contenus parasites - ne sont que quelques exemples des actions déployées cette année.
Quels sont les bénéfices concrets pour les sociétaires ?
Nos sociétaires touchent leurs droits d’auteur plus rapidement et avec un niveau de transparence et de détails inégalé : 91,1 % de taux de primo-répartition, soit +1,7 point par rapport à 2023, les droits online des plus grosses plateformes répartis en trois mois, 84 % des droits répartis « au programme », et non par analogie ou sondage. Nous sommes les seuls à proposer ce niveau de service.
Par ailleurs, ils bénéficient de dispositifs d’accompagnement social enrichis : nouvelles offres santé personnalisées, nouvelles formations professionnelles, mise en relation et création d’un véritable réseau social entre sociétaires par exemple. Citons aussi l’action du Comité du cœur, qui a soutenu cette année 119 membres confrontés à des difficultés de vie.
Nos auteurs, compositeurs et éditeurs de musique peuvent aussi profiter de notre action culturelle : la Sacem est toujours le premier financeur privé de la musique dans notre pays. En 2024, plus de 3 600 projets ont été soutenus, partout en France, dans des festivals, discothèques, hôtels, cafés, campings, etc. Ce soutien renforce évidemment la vitalité de la scène musicale française, et facilite l’accès au live sur tout le territoire.
Enfin, il est important de noter l’effet « cercle vertueux » lié à notre croissance. Le nombre toujours plus important de membres et de mandants, dont de grands ayants droit internationaux, renforce le poids de la Sacem dans les négociations, notamment avec les grandes plateformes mondiales. Et permet de mutualiser les investissements pour des prélèvements sur droits toujours plus bas.
Comment la Sacem réagit-elle face à l’IA générative ?
Nous avons été la première société de gestion collective à exercer le droit d’opt-out, dès octobre 2023, conditionnant ainsi toute utilisation des œuvres de nos membres par les IA à notre autorisation préalable. Nous avons aussi lancé, avec la GEMA (Allemagne), la toute première étude sur les opportunités et risques de l’IA générative dans le secteur musical. Étude qui montre bien sûr le potentiel créatif de l’IA, mais souligne les menaces sur les revenus des auteurs.
Nous menons aujourd’hui un dialogue étroit et constant avec les institutions françaises et européennes et avec les acteurs de l’IA, pour promouvoir une IA éthique, transparente et équitable.
Concrètement, des mesures ont déjà été prises : avec Deezer par exemple, nous avons choisi d’exclure les œuvres 100 % générées par IA de la répartition des droits.
La Sacem ne s’oppose évidemment pas à l’IA – nous l’utilisons nous-mêmes au quotidien pour optimiser nos outils – mais elle exige des règles du jeu justes et une rémunération pour les créateurs.
La gestion collective est-elle fragilisée dans ce contexte de mutation ?
Au contraire. C’est au cœur des crises et des mutations que le modèle de gestion collective prouve sa robustesse. Il permet aux créatrices et aux créateurs d’agir ensemble face à des acteurs très puissants, comme les plateformes numériques ou les développeurs d’IA.
Confier ses droits à un partenaire de choix comme la Sacem – dont le répertoire est le deuxième plus exporté au monde – offre sécurité, accompagnement et puissance de négociation.
Quels sont les projets de la Sacem pour les prochaines années ?
La Sacem a d’ores et déjà commencé à déployer son plan stratégique « Sacem 2030 » avec une ambition claire : être à la fois efficiente pour ses membres et utile pour tous.
Nous développons notre recherche d’efficience sous toutes ses facettes. Pour ne citer qu’un exemple : en allant chercher de nouveaux territoires de collecte et de nouveaux revenus, nous développons notre efficience commerciale. L’efficience, nous la pensons aussi sur le plan écologique, social et territorial, en adoptant des pratiques responsables, en tissant des liens solides avec nos membres, nos clients, les collectivités, ou en imaginant de nouvelles formes de soutien à la création – je pense notamment à notre fonds de dotation, dont le lancement est imminent.
Cette dynamique est portée avec conviction par l’ensemble de nos équipes.
La Sacem se veut également utile pour tous.
Dans une société en quête de sens et de lien, nous voulons jouer pleinement notre rôle d’acteur culturel engagé. En aidant les communes à organiser des concerts ; en rapprochant auteurs, compositeurs et jeunes pour créer ensemble ; en facilitant la diffusion musicale partout où elle peut rassembler, etc. Car nous voulons faire vivre la musique comme un bien commun, accessible à tous, et vecteur de cohésion.